18 avril 2010

A star is born, 1954



Une comédie musicale ?
Pas si sûr.

Il y a plusieurs sortes de comédie musicale (et je les aime toutes) : elles se différencient par le rôle des chansons et la manière de les intégrer dans l'histoire.
Certaines font fi de tout réalisme et intègrent au milieu d'un monde somme toute vraisemblable de véritables spectacles, qui vont parfois jusqu'au pur délire, et au cours desquels le monde entier se met à faire des claquettes. Ce qui compte, alors, c'est le brio, et le spectacle est apprécié en lui-même, comme si on était au music-hall (type [le merveilleux] Un Américain à Paris, par [le merveilleux] Minelli, avec [le merveilleux] Gene Kelly).
Parfois elles font comme si les gens chantaient dans le monde réel, et l'acceptent avec une naïveté totale (type [le merveilleux...etc...] La mélodie du bonheur, de Robert Wise, avec Julie Andrews, où l'on triomphe des nazis sans même donner un coup de poing).
Parfois, et c'est le type le plus classique, le type Walt Disney (cf. Mary Poppins avec la même sublime Julie Andrews, ou Le Roi Lion, etc.), on accepte par convention que certains passages dramatiques s'accomplissent en chansons (type West Side Story, de Robert Wise aussi, on y reviendra).
Et puis il y a Une étoile est née, de George Cukor, avec Judy Garland.
Le joyau pur.

Ce film n'est pas une comédie musicale. On n'y tombe pas amoureux au premier regard dans un bal. On n'échappe pas aux nazis avec des bons sentiments. C'est un film d'une tristesse et d'un réalisme incroyable, sur le monde du spectacle, sur Hollywood. Un film absolument sans âge, parce qu'il parle de sa propre époque avec un recul infini, une majesté et une ampleur extraordinaire. C'est un film sur une star qui naît, évidemment, mais aussi sur les relations d'amour contre vents et marées, sur la difficulté de la vie réelle... Comme vous avez vu avec la première vidéo, on peut montrer beaucoup de ce film sans montrer de chanson. Judy Garland est là, et elle est bouleversante. C'est une des plus grandes performances d'actrice qui soit.
Mais, allez-vous dire, pourquoi nous parler de comédie musicale si ce n'en est pas une ? Parce qu'il y a les chansons, malgré tout. Des chansons avec tout le brio, toute la splendeur des comédies musicales classiques. Sauf que ce n'est pas un monde de rêve. Il y a des chansons parce que la protagoniste est une chanteuse et que des fois elle chante. Chaque chanson est intégré dans l'histoire, pas seulement formellement, mais aussi de façon hautement dramatique. Le fait même que la chanson se déroule a une fonction, et tu attends les réactions qui suivront avec fébrilité.
Prenons la séquence qui suit : le personnage qu'incarne James Mason est en convalescence, il est chez lui, viré du monde du spectacle, tandis que sa femme est cette star qui monte. On ne sait ce qui va advenir du couple, il se sent humilié. Sa femme rentre et on a l'impression que leur histoire peut marcher à nouveau. Alors elle lui raconte sa journée, pour mettre de la joie de vivre dans cette ambiance lourde :

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