30 janvier 2011

Accident mortel

Dans des situations à risque, la position pragmatique dira que ce sont les vivants qui comptent et non les morts. En qu'en conséquence, les décisions doivent être prises en fonction de la situation des vivants, et non au nom d'un respect des morts. Mais qu'en est-il lors d'un accident mortel ? Avant que la mort ne soit officialisée et les morts enterrés, le rescapé conscient et agissant fait face à des corps qui ne peuvent être avec certitude répartis entre le monde des morts et celui des vivants. La perspective pragmatique ne permet pas de considérer qui est mort et qui est vivant "en soi", indépendamment de toute considération subjective des vivants conscients et agissants. Les actions à entreprendre se font donc en ayant en vue des êtres quasi-vivants, quasi-morts. Qui sauver, de qui risquer la vie ? Faut-il abandonner un probablement-mort, si ce probablement-mort est l'être aimé, parce des quasi-vivants encore conscients se plaignent et nous réclament ? Si toutes les circonstances plaident pour la mort de l'être aimé, faut-il admettre cette mort au nom de la vraisemblance, pour sauver des probablement-vivants ?