« S’il n’existe dans le monde, comme nous sommes en effet fondés à le croire, rien qui ne soit ou bien d’ordre physique ou bien d’ordre psychique, la métaphysique est assurément, pour autant qu’elle s’attache aussi bien à ce qui est physique qu’à ce qui est psychique, la science de la totalité de la réalité effective. Dans cette mesure, sont naturellement aussi d’ordre métaphysique les thèses fondamentales du monisme – qui prétend à l’identité essentielle du psychique et du physique – et celle du dualisme – qui affirme la différence essentielle de ces deux ordres. Mais reconnaître deux choses pour identiques ou pour différentes, c’est reconnaître en fait quelque chose qui est rapport avec ces deux choses : cette connaissance concerne aussi bien l’identité que la différence ; et l’identité est elle-même à son tour rien moins qu’une chose, tout comme la différence. L’une et l’autre sont extérieures à la disjonction entre physique et psychique parce qu’elles se situent hors de ce qui est réel. Or il existe aussi un savoir de la non-réalité : et que l’on accorde aux tâches de la métaphysique une généralité propre aussi grande qu’on voudra, il y a des problématiques encore plus générales que celles de cette dernière, des problématiques pour lesquelles l’orientation essentielle qui ramène la métaphysique vers la réalité effective ne constitue nullement une limite. De telles problématiques sont précisément celles de la théorie de l'objet. »
Alexius Meinong, Théorie de l'objet (1904), trad. Jean-François Courtine et Marc de Launay.
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